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Messages du bout du monde
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23 juillet 2008

Pourquoi l'Afghanistan nous fascine-t-il autant?

P1010354Je n'ai pas eu besoin d'entendre la sonnerie du réveil pour me lever, je n'avais pas dormi! Heureusement l'excitation du départ est une vraie bouffée d'adrénaline et après une bonne dose d'immodium, j'étais prête pour la grande aventure. Malheureusement dès le matin, gros stress, avons-nous pris nos passeports? Réponse: non! Visite annulée=fin du monde.Finalement on se calme et on évalue la situation, Philipp a son passeport, moi j'ai une photocopie et ma carte d'identité ACTED ce qui suffira, par contre Kasia n'a rien! On décide donc de se séparer, je pars avec Javlon et Philipp voir le projet pour lequel nous devons écrire un rapport final dans un mois et Kasia par dans une autre réunion, elle est dégoûtée la pauvre! La seule bonne nouvelle dans l'histoire c'est qu'à deux à l'arrière de la lada, nous avons beaucoup plus de place et je peux me reposer. A peine partis, j'essaie de dormir mais je suis bien vite secouée par Philipp qui insiste pour que je regarde le paysage, c'est en effet grandiose. Les montagnes escarpées laissent place à un désert de dunes assez élevées parfois interrompues par de petites montagnes couvertes d'arbres à pistaches. C'est vraiment époustouflant, nous nous arrêtons d'ailleurs pour acheter des pistaches et prendre quelques photos.

La route dure trois heures à partir de Kurgan Tyube jusqu'à la frontière afghane et est ponctuée de contrôles de police. Nous croisons quelques convois militaires impressionnants avec des soldats debouts sur les tanks, canons prêts à tirer. On se demande pourquoi, tout a l'air bien calme ici, on en serait presque déçus! La chance nous sourit, les soldats du jour connaissent notre chauffeur et aiment bien ACTED donc ils ne nous posent aucun problème, Kasia aurait pu venir mais on ne sait jamais. On peut aussi se faire arrêter de longues heures paraît-il. On est hypnotisé par le paysage si imposant, on immagine combien la terreP1010374 a dû trembler pour que surgissent de telles barrières naturelles. De temps en temps, un village fait de baraques en terre apparaît au milieu de nulle part, rien n'y bouge à part quelques biquettes qui se promènent. Comment ces gens font-ils pour vivre dans un environnement aussi hostile à l'homme? Rien ne pousse, il n'y a pas d'eau, le mystère s'épaissit.. Au fur et à mesure que les heures passent, la chaleur se fait sentir. Nous arrivons au village vers 10h30, le représentant du jamoat (administration locale) court à notre rencontre, il est en plein milieu d'une réunion avec nos bénéficiaires. Pour une fois, je me retrouve dans la situation du pauvre étranger complètement perdu, la réunion se tient en tadjik et je ne comprends rien, je ne sais pas non plus comment je dois les saluer, apparemment "Asalam Alekoum" avec la main sur le coeur. Je me risque à tendre la main, les hommes acceptent de la serrer, ouf je n'ai pas fait d'erreur. Javlon traduit en Russe pour moi et je traduis en Anglais pour Philipp, chez ACTED on travaille par téléphone arabe! Après la réunion, on rencontre d'autres gens, on visite, je décrirai ce projet plus tard car il mérite un article à lui seul. Au moment de reprendre la voiture pour aller déjeuner à la guesthouse locale, un vieille homme à la longue barbe blanche s'approche et me parle en tadjik, perdue, je me retourne vers Javlon qui traduit. Le vieux me dit que je suis si belle qu'il pensait que je ne pouvais pas être autre chose que tadjik, il demande d'où je viens, je lui dis que je suis Française et un peu italienne aussi, ce qui lui plait beaucoup "les mafieux là-bas" ça lui parle! Il veut nous inviter chez lui mais nous sommes obligés de refuser, nous reviendrons, surtout qu'il a un fils à me proposer en mariage! J'apprendrai après que c'est le représentant religieux du village et qu'il est très respecté. Il accepte volontiers de prendre une photo avec nous, c'est un homme plein de malice, je le vois à ses yeux qui brillent!

La guesthouse estP1010404 fraîche, j'ose à peine me rendre aux toilettes, le trou plein de mouches sous une chaleur absolument écrasante. Je n'avais jamais vécu une température atteignant 55 degrés à l'ombre, c'est chose faite!  Nous mangeons à la tadjik allongé sur des tapis surélevés. Une femme nous apporte un vrai festin en faisant le moins de bruit possible même si elle accepte nos remerciements avec des sourires. Après seulement dix minutes de sieste, nous voilà repartis direction une autre réunion avec le comité du village. Je suis surprise par l'accueil qu'on nous réserve. Les hommes nous attendent sur les grands canapés tadjiks autour d'une table recouverte de victuailles alors que nous venons de manger! Impossible de refuser, moi qui suis déjà malade! Les hommes sont à mes petits soins, ils me coupent mon melon, m'encouragent à tout goûter. On ne nous présente même pas les femmes qui courent d'un bâtiment à l'autre avec des plats qu'elles déposent sans même un regard. Il y a au moins 10 enfants qui jouent prêt d'une rigole d'eau coulant du système d'irrigation, une chienne cherche de l'ombre avec ses chiots et les poulets courent partout. En partant, l'hôte des lieux veut m'offrir un chiot, je refuse à regret! Je dois revenir les voir le mois prochains avec Javlon et et le ferai avec plaisir, tout le monde est si souriant et respectueux, on ne me dévisage pas de manière désagréable, au contraire. Nous quittons l'ombre de l'arbre et les melons si juteux et sucrés pour se jeter dans une chaleur qui nous brûle littéralement. La voiture parcourt le village, tous les petits garçons nus prêt des flaques d'eaux prennent leur pénis dans leur main pour le cacher, on trouve ça très drôle! Ici même jouer prêt de l'eau est interdit aux petites filles.

Le voyage du retour est extrêmement pénible, les fenêtres ouvertes me soufflent un air brûlant dans le visage, la voiture sent l'essence et nous devons nous arrêter régulièrement pour arroser le moteur. Même les soldats ont la flemme de se lever au check point, ils nous regardent rapidement et retournent s'asseoir à l'ombre. Cette visite a vraiment été utile et intéressante pour moi et elle m'a fait réaliser à quel point j'ai de la chance d'être moi! L'humain s'adapte vraiment à tout, jadmire tous ces gens si simples et souriants malgré des vies qu'on ne supporterait pas plus de deux jours. De l'autre coté de la montagne, on aperçoit l'Afghanistan où les conditions de vie sont pires encore, tout est donc toujours bien relatif.

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