Un week-end koh-lanta!

Ce deuxième week-end au Tadjikistan a été de nouveau l'occasion de découvrir un peu plus mon nouveau pays. Samedi, nous avons décidé avec un ami français de braver la chaleur pour visiter le plus grand bazar de la ville assez éloigné du centre. J'ai alors pu voir à quel point Dushanbe est une ville étendue, après 20 minute de mini bus, nous sommes descendus au milieu des pastèques et des femmes en fichus, nous étions les seules étrangers. Le bazar de Khovan est très dense, composé de ruelles sous des bâches ou des tissus qui me faisaient penser aux souks de Turquie ou d'Egypte. On y trouve toutes les cochonneries chinoises possibles et imaginables, rien n'est de qualité, tout est babioles poussiéreuses et pauvreté. Les enfants et les vieux poussent de grandes charettes pleines de marchandises, on passe de l'étale des piles et ampules, aux tissus, chaussures en plastique ou aux écrans de télévision dernier cri. J'aurais voulu prendre beaucoup de photos des visages mais je n'osais pas, me souvenant de la colère des gens en Russie lorsque je les photographiais au marché. Quelques personnes se sont prêtées de bon gré aux photos me souriant de toutes leurs dents en or. Les gens ici sont vraiment sympathiques! Après deux heures de balade dans les allées étroites à essayer les bonbons locaux ou à toucher tous les tissus, nous avons cherché un moyen de transport pour rentrer, ce qui n'est pas facile. Le trajet retour a duré une bonne quarantaine de minute et nous a laissé à la gare de Dushanbe dans laquelle nous sommes entrés pour voir où se rendent les trains pour un éventuel week-end. Nous avons alors découvert que la seule ligne est celle qui relie Dushanbe à Moscou en 4 jours en passant par l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Kazhakstan. Le train partait, nous avons failli monter dedans! Le trajet ne coûte que 125 euros, incroyable non? Nous sommes rentrés à la guesthouse tout suants après un dernier trajet dans un bus bondé où tout le monde nous regardait. La douche promettait d'être bonne, quel ne fut pas notre désespoir d'ouvrir les robinets et de voir une eau noire en sortir. Quand il pleut dans les montagnes, l'eau de la rivière devient boueuse et se déverse directement sans être filtrée dans les tubes souterrains de la ville jusqu'à nos robinets. La salle de bain entière était couverte d'une épaisse couche de boue, nous avons donc renoncé à la douche.. Le soir, sortie entre expats direction notre bien aimé Irish pub pour une soirée arrosée copieusement à la vodka et qui m'a coûté mon dimanche, mais peu importe, qu'est ce qu'on a ri!

Dimanche matin, levé 4h après s'être couchés, direction les montagnes de Varzob pour une randonnée sous le cagnard, le bonheur! Après 30min de Marshrutka nous voilà dans un village très pauvre et nous commençons l'ascension. Le paysage est assez beau et au milieu coule une rivière rafraichissante. Nous avons marché 2h enveloppés dans de longues écharpes pour se protéger, koh-lanta commençait! Nous avons croisé des enfants crasseux portant de gros fagots sur leur dos qui nous souriaient poliment et nos disaient bonjour. Dès que l'on sort de Dushanbe, la vie change du tout au tout. Arrivés à la rivière, le chemin était condamné et nous avons dû la traverser, tout le monde enlève ses chaussures, relève son pantalon et s'enfonce gaiement jusqu'à la taille dans une eau gelée avec du courant sur des pierres glissantes. L'Américain tombe et ses chaussures se font emporter par le courant, l'horreur, impossible de rentrer sans chaussures! Le voilà qui se jette entièrement dans l'eau et rattrape les chaussures inextrémis, bien joué et encore une fois une bonne rigolade! Après deux traversées de rivière nous nous sommes enfin installés avec un bon pique nique composé de noix, de pastèque, de piroshki (sorte de petits pains fourrés à la viande). Le déjeuner fini nous avons fait une bonne sieste pour se remettre de notre gueule de bois de la veille et de l'effort du matin, un pur bonheur (si on ne compte pas les guêpes et les fourmis énormes attirées par la nourriture!) Au milieu de la sieste, un âne chargé de bois et autre nous réveille, son maître le tient par une corde, que font-ils au mileu de nulle part? Sur le chemin du retour, beaucoup moins difficile après la sieste, nous avons croisé beaucoup d'ânes avec des enfants ou même seuls qui rentraient au village. J'avais vraiment l'impression d'être dans le roman de Kessel, les cavaliers, sur un chemin escarpé de montagne désertique avec des ânes et des enfants aux traits afghans. Je crois que c'est cela qui fait la beauté de ce métier, se sentir unique au monde dans des endroits que personne ne connait, en dehors du temps.

Je pars demain matin à 6h30 à Kurgan Tyube pour une réunion de coordination, Je resterai dormir et je passerai ma journée de mercredi à la frontière afghane pour visiter les projets de terrain et collecter les informations dont nous avons besoin avec ma chef Kasia. J'ai hâte de partir et de découvrir ce Tadjikistan pour lequel je travaille mais dont je n'ai aucune idée de Dushanbe. J'ai déjà lu tellement de choses sur ce pays que tout le monde qualifie de sans espoir que je suis prête au choc, la randonnée d'hier m'en a donné une vague idée. 

Comments

[Camille]

Allez les rouges, allez Sarah !
Encore un p'tit effort, et tu gagnes l'épreuve d'immunité...