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Messages du bout du monde
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22 juillet 2008

Visite de Kurgan Tyube

P1010348Mardi matin, départ de Dushanbe à 6h30 du matin, c'est finalement le meilleur moment de la journée quand la ville s'éveille et que l'air est frais (27 degrés en moyenne, tout est relatif!) Notre chauffeur est passé chercher Kasia et la directrice pays, Rano. Le trajet devait durer environ 2h, nous étions trois à l'arrière d'une petite lada, serrés comme des sardines mais joyeux de partir en excursion. La conversation a vite trourné en Russe sur la situation au Tadjikistan, Rano semblait soucieuse et de mauvaise humeur. Ces temps-ci elle rassemble des documents pour remplir une demande d'immigration vers le Canada. Un des garçons tadjiks d'origine russe qui était avec nous, Daniil), essayait de l'en dissuader, disant qu'elle ne serait jamais heureuse loin du pays où elle a toujours vécu mais Rano semblait bien décidée. Il n'y a déjà plus d'eau au robinet dans de nombreux quartiers de la ville et Rano est enceinte de 4 mois. Elle doit accoucher en décembre et elle s'inquiète, cet hiver au Tadjikistan sera encore plus dur que le précédent, les réserves d'énergie du pays sont réduites à néant, il n'y aura aucun moyen de s'éclairer et de se chauffer. Que ce passera-t-il si Rano perd les eaux le soir chez elle, accouchera-t-elle seule dans le noir et sans eau pour se laver? Le nourrisson passera-t-il l'hiver par des températures atteignant les -10 à l'intérieur? Elle n'en peut plus! Après la guerre civile elle a choisi de rester, elle a voulu mettre son éducation au service du pays, rester pour reconstruire. Cela fait maintenant 15 ans et le Tadjikistan est au rang des pays les plus corrompus du monde, tout tombe en ruine, il n'y a plus ni infrastructure, ni école, aucune vie décente. Elle a quatre enfants, elle veut qu'ils puissent avoir chaud, qu'ils puissent se laver, qu'ils aillent à l'école. Bien sûr que le Canada ne l'enthousiasme pas mais elle et gynécologue, parle Anglais et pourrait vivre plus que décemment avec sa famille en Ontario. Jai senti en elle beaucoup de colère contre ce pays qui ne fait rien pour ses habitants, contre le président qui s'est fait construire une monstrueuse dacha de la taille de

la Maison

blanche sur une des collines de Dushanbe, tout le budget du Tadjikistan réuni en un coup disent les gens! Tout le monde est fatigué. Daniil aussi s'en va bientôt, il part installer sa famille en Russi. Il ne restera bientôt ici aucune personne avec un diplôme digne de ce nom, au dire de tous, le Tadjikistan est condamné. Pourquoi donc suis-je venue y travailler? Rano me dit que sans les organisations internationales, il y aurait des milliers de morts supplémentaires par an, nous sommes les seuls à leur permettre de passer l'hiver en attendant des temps meilleurs, mais jusqu'à quand?

La pause cigarette m'a P1010347permis d'oublier cette conversation déprimante en admirant un paysage magnifique de montagnes aux couleurs pastels dans la brume du matin. En arrivant à KT, nous somme passés prendre un petit déjeuner plus que copieux à la guesthouse de la ville, ma future maison. J'ai été surprise par sa propreté, son calme et son cadre très agréable avec un petit jardin intérieur de roses. On découvre cependant vite que les conditions sont moins bonnes qu'à Dushanbe. La salle de bain et les toilettes sont à l'extérieur et je m'imagine déja parcourir l'allée en pyjama pendant l'hiver pour rejoindre une salle de bain gelée dans laquelle l'eau ne coule plus au robinet depuis longtemps! Enfin n'y pensons pas, pour l'instant ça suffira! Les bureaux d'ACTED à KT sont également agréables même si la clim n'arrive pas à compenser les 49 degrés à l'extérieur! Le personnel est exclusivement tadjik, très acceuillant. Nous avons passé toute la journée dans des réunions qui n'en finissaient pas mais qui ont été utiles je pense. Seule Kasia ne parlait pas russe donc j'ai traduit toute la journée et j'ai souvent mené moi même les discussions. J'ai même du me montrer ferme avec une équipe tadjik qui nous a fait une présentation assez lamentable, je ferais peut-être un bon manager, qui sait? Après le travail, Javlon, le manager de la base et mon futur chef nous a emmené boire une bière dans le café local. Cela s'est bien sûr transformé en festin arrosé de 100g de vodka obligatoire contre lesquelles je me suis longtemps battue, sans succès! Javlon a déjà plein d'idées de sortie de week-ends et m'emmènera avec plaisir dans ses nombreux déplacements. Je crois qu'on va très bien s'entendre! De retour à la guesthouse, je ne me sentais pas très en forme. Il fallait absolument dormir pour partir le lendemain  à la frontière afghane à 7h, la route serait encore une fois très longue. Malheureusement j'ai de nouveau été malade et nai pas fermé l'oeil de la nuit, dans les conditions plus rustiques de KT, c'est vraiment l'horreur et j'espère que ça ne se reproduira pas!

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