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Messages du bout du monde

Messages du bout du monde
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30 décembre 2008

Noël au Tadjikistan

P1020215Je m'attendais à passer un Noël triste loin de ma famille mais lorsque l'on vit dans un pays musulman où Noël n'a aucune signification, les fêtes de fin d'année nous manquent moins! J'ai donc invité un couple d'amis de Kurgan Tube le 24 décembre. Nous avons dîné à la bougie dans l'appartement que ma chef polonaise m'a prêté avec Manuchehr. Le dîner était réussi quoique j'étais très fatiguée d'avoir passé la journée à arpenter le bazar de Kurgan Tube le matin, à me frayer un chemin dans les allées bondées, à me faire marcher sur les pieds et harponner à chaque étale! J'ai ensuite parcouru pour la dernière fois les deux heures de trajet entre Kurgan Tube et Dushanbe sans même admirer le paysage et suis retournée au supermarché à Dushanbe pour les derniers préparatifs. Comme toute bonne épouse tadjike, j'ai ensuite préparé le repas seule pendant que mon cher et tendre se reposait dans le salon.. Après le dîner nous sommes allés nous promener dans Dushanbe, une ville complètement morte et sombre, j'étais exténuée et pressée de rentrer! Nos amis ont dormi dans le salon et nous avons organisé un petit déjeuner sympathique le lendemain avant de nous quitter.

Le 25 a été très réussi chez une famille tadjike qui héberge deux amies canadiennes. Mon ami anglais et moi même avons participé aux préparatifs culinaires toute la journée, au menu dinde farcie, carottes, purée, gâteaux saP1020268lés, sauces diverses et desserts au pomme et au chocolat. Nous avons mangé à la tadjike assis par terre dans une ambiance très familiale avec les grands parents, les parents et leurs frères ainsi que 4 enfants. Les canadiennes avaient préparé des cadeaux pour tout le monde et ce fut un vrai bonheur de les ouvrir tous ensemble et de voir les enfants se chamailler pour tel ou tel jouet, on se serait presque crû un vrai 25 décembre! Malheureusement la neige a soudainement fondu le 24 et la température approchait les 15°avec un beau ciel bleu donc pas de bonhomme de neige!

Je passerai le réveillon du 31 dans la nouvelle guesthouse qui ressemble à un vrai palais, des chambres immenses, des cabines de douche pour 5 personnes avec musique et téléphone intégré, un luxe démesuré comparé à notre ancienne baraque froide et très désagréable. Je dinerai avec Rory et Galina, ma maman tadjike qui pleure déjà à l'idée de mon départ. Ce sera la seule personne qui me manquera vraiment ici.

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13 novembre 2008

Visite de terrain à Sarband

P1010890Hier, la manager du département dans lequel j'ai mon bureau à Kurgan a décidé que je n'avais rien vu du Tadjikistan et m'a envoyée avec deux mobilisateurs de communauté (c'est comme ça qu'on appelle les gens chargés de mener des réunions et de convaincre les communautés de mettre en place des projets) très sympas à Sarband. C'est à environ une heure de Kurgan Tube sur une route de montagne traversée par la rivière Varsh, l'endroit est vraiment magnifique. Si seulement le gouvernement construisait de petits hôtels avec des circuits à offrir, je suis sûre que beaucoup d'étrangers viendraient ici. Je me suis arrêtée pour prendre des photos sur la route, le ciel était bas, gris et le vent glacial. Nous nous sommes arrêtés chez plusieurs représentants de Comité Mahalla, l'autorité locale, pour leur faire remplir des papiers. Le but de ma visite était de rencontrer un représentant dans un village très actif perdu dans la montagne. Cela n'a pas manqué, au moment où nous avons atteint le village, de gros flocons de neige se mettent à tomber et je n'ai bien sûr toujours pas de bottes! Le représentant, très enthousiaste et si heureux que je sois venue jusqu'ici ne m'épargne aucun robinet construit le long de la route, l'école, le centre médical, chaque route réparée etc, en tout une bonne heure et demie passée dehors, j'ai vraiment eu peur d'attraper des engelures tellement mes pieds me faisaient mal. Malgré tout je suis impressionnée, les gens de ce village ont fait des efforts extraordinaires pour améliorer leur quotidien. ACTED leur fournit de l'argent pour acheter du matériel mais ils font les travaux eux-mêmes et collectent le double de la somme parmi les gens du village, c'est donc un vrai travail collectif. Il me montre le chemin emprunté par les femmes pour apporter l'eau de la rivière, 1 km de boue et de pierre. Deux femmes se sont cassées une jambe et une la colonne vertébrale, elle ne peut plus bouger! Le centre médical dont ils sont très fiers me désole, les centres de brousse burkinabés n'ont rien à envier à ceux du Tadjikistan.

Je n'avais jamais vu une telle pauvreté lors de mes précédentes visites de terrain. Ces villages perdus dans les montagnes n'ont jamais d'électricité et la plupart des gens ne travaillent pas, il est impossible de cultiver les terres car il n'y a pas d'eau. Ils sont donc tous dépendants de parents émigrés en Russie. Les maisons faites de glaise semblent prêtes à fondre sous la neige et certaines familles n'ont même pas de bois pour se chauffer. Le représentant, un homme qui selon nos critères ressemble à un Taliban mais qui n'en es pas un, dieu merci, était prévenu de ma visite et nousP1010868 a préparé un festin. Nous nous asseyons dans une pièce chauffée par un petit poêle et les femmes nous apportent du poisson, je n'en ai pas mangé depuis 4 mois! Une tasse de thé et un plat de poisson gras que je décortique à la main me semblent le paradis dans ce climat si hostile! Malgré tout rien n'y fait, je ne me réchauffe pas. Le représentant me montre avec fierté le petit livre qu’il tient à jour avec le nombre d’habitant, les naissances, les décès et les arrivages de mariées. Il m’explique qu’ils font venir des jeunes femmes de villages voisins, ça ressemble un peu à une description de bétail mais passons.. Dans la maison il y a 11 personnes, le représentant a 9 enfants. Sa femme tient le petit dernier dans ses bras, elle est déjà très ridée et n'a plus de dents, je n'arrive pas à croire qu'elle a un enfant si petit mais elle n'a en réalité probablement pas plus de 40 ans. Tout le monde est adorable, si honoré que je sois là, j'ai vraiment l'impression d'être dans une autre dimension. La fille aînée m'emmène ensuite aux toilettes, un trou que j'atteins difficilement dans la boue, j'ai les fesses gelées! Tout les anciens du village viennent me remercier, tous avec leur longe barbe et leur manteau traditionnel. Je les remercie en Tadjik et me précipite dans la voiture pour un peu de chaleur, quelle journée! L'après midi se poursuit en visite où on nous ressert à manger, mon estomac est noyé dans l'huile, je me sens presque mal! Sur le chemin du retour, la route est bloqué par la neige et la boue, c'est assez dangereux mais on arrive quand même à bon port.

Une P1010866fois devant la guesthouse, je m'imagine déjà le bonheur de brancher mon petit radiateur et de ne plus bouger. Malheureusement il ne faut pas rêver, il n'y a pas d'électricité! Finalement on ne s'imagine pas la joie d'enttendre le son de l'électricité qui revient quelques heures plus tard, ça procure des sensations fortes! Malgré les conditions terribles de ma visite, je reviens de très bonne humeur et complètement remotivée pour mon travail. Il est vraiment important de voir pour qui l'on travaille, de constater leurs efforts et de recevoir leurs remerciements, ça fait chaud au cœur. Sans moi il n'y aurait pas de donateurs et ces gens dans le fin fond de la montagne n'auraient toujours ni eau, ni route ni même un petit bureau pour les visites médicales. Grâce à nous ils ont même pu acheter 2 voitures pour se ravitailler et emmener les femmes enceintes accoucher à l'hôpital de Sarband. En un mot je suis heureuse de savoir que je ne travaille pas pour une multi nationale américaine qui en ce moment licencie plein de gens mais pour un peuple avec qui je n'ai rien en commun et avec lequel pourtant c'est un vrai plaisir de partager un simple repas.

10 novembre 2008

Début de l'hiver au Tadjikistan

etCela fait un moment que je n'ai pas écrit sur mon blog, probablement parce que la tristesse nous envahit en ce début d'hiver et que la vie devient difficile. Il est plus agréable de lire des messages gais avec de belles photos que des articles moins heureux. Je savais en partant qu'il y aurait ici des moments difficiles mais on ne s'en rend vraiment compte que lorque l'on s'y retrouve confrontés. Je vis maintenant dans le froid permanent, il fait froid dehors mais encore plus à l'intérieur des guesthouses dont les grandes pièces sont impossibles à réchauffer. Je n'ai pas non plus les vêtements adéquates car je pensais que le Tadjikistan serait beaucoup mieux équipé que nous, c'était sans compter le fait que les magasins ici n'existent presque pas et que les bazars sont incompréhensibles aux non initiés, remplis de fringues chinoises bon marché et de qualité exécrable.

Nous sommes également touchés de plein fouet par les problèmes énergétiques du pays. Depuis trois semaines, les coupures d'electricité sont devenues une règle à la guesthouse de Dushanbe qui se trouve dans un mauvais quartier. Je me lève tous les matins en espérant qu'il y aura de la lumière mais je reste souvent des heures dans le froid car les radiateurs électriques ne marchent pas sans même pouvoir lire à la lumière du jour tellement les pièces sont sombres. A Kurgan Tube c'est encore pire, nos conditions de vie sont vaiment dures car ACTED ne dépense rien pour notre confort. Même lorsqu'il y a de l'electricité nous n'avons pas assez de petits radiateurs et je me lave dans une salle de bain dont la température ne dépasse pas 5°C et qui risque de chuter à -10 d'ici un mois. Bizarrement, on survit vraiment à tout et on s'adapte même. J'ai acheté de grosses chaussettes de laine sur le marché, je porte mon manteau à l'intérieur, je lis ou regarde des films dans un lit à trois avec mes deux co-équipiers étrangers à Dushanbe. Nous retrouvons un instinct animal, celui de vivre en bande serrée pour se tenir chaud! Les gens ici ne se plaignent pas car ils sont habitués, j'essaie donc de ne pas trop le faire non plus. Après tout de quoi puis-je me plaindre? Mon passeport français me permet de quitter cet enfer à tout moment, tous n'ont pas cette chance. Malgré tout j'avoue que ce dimanche, seule à Kurgan Tube sans electricité à attendre mes collègues pendant 4 heures, je n'en menais pas large dans ma petite chambre. Comme on dit, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, cette expérience au Tadjikistan aura au moins cela de positif!

Ps: voire deux nouveaux albums ci-contre, automne au Tadjikistan et Kirghizistan

20 octobre 2008

Bichkek

Notre premier jour à Bichkek fut marqué par le signe de l'exploration, d'autant plus que ce n'est pas facile de se déplacer avec les transports en commun dans ce genre de ville! J'ai pu alors découvrir une ville soviétique comme j'en avais rarement vue.. La ville est construite en damier avec une très longue avenue principale bordée d'immenses bâtiments P1010658cubiques en béton, une vraie horreur! Malgré tout, la ville est beaucoup plus vivante et développée que Dushanbe. Nous avons dégusté un très bon plat de Lagman (le plat traditionnel Kirghize à base de pâtes épaisses dans une sauce à la viande épicée) sur une terrasse très propre et agréable. Nous nous sommes ensuite laissées tenter par un petit café avec des gâteaux, là aussi ambiance européenne, joli décor, tout ce qui manque à Duchanbe. Les rues sont faites de petits magasins aux devantures clinquantes avec des pancartes qui clignotent, le tout est très laid et kitsch mais au moins on voit qu'il y a des opportunités de business et un dynamisme qui 'existe pas au Tadjikistan. Le trafic est également beaucoup plus dense, il est même pratiquement impossible de traverser sans se faire tuer ce qui m'a beaucoup stressée pendant ces quelques jours. Nous avons essayé de nous déplacer dans les marshrutkas (petits bus) locaux mais c'est une vraie punition. Il n'y a pas de porte à l'arrière, donc on s'entasse en entrant à l'avant et il devient très difficile de sortir sans écraser tout ce qui se trouve sur son passage. Les chauffeurs sont de vrais rustres qui ne répondent pas si on leur demande où ils vont et démarrent avant même que vous ayez fini de monter. Cette expérience a donc son petit côté exotique mais à la longue, ça doit devenir pénible!

Pendant les deux ou trois jours que nous avons passés à Bichkek, nous avons perdu notre temps dans des agences de voyage pour organiser une excursion en montagne et acheter des billets d'avion pour le retour. Nous avons désespérément cherché des magasins de vêtements corrects pour faire un peu de shopping mais nous avons été très déçues. Finalement nous avons passé notre temps à manger, ce qui était très bien car j'ai perdu beaucoup de poids et j'ai de la marge! Nous avons également visité le musée national kirghize, à ne pas manquer si vous êtes à Bichkek un jour.P1010705 Le bâtiment est un chef d'oeuvre d'architecture stalinienne, très sombre à l'intérieur. Le premier étage est dédié à l'histoire soviétique avec beaucoup de photos de Lénine, de lettres, de documents certainement très intéressants mais tout en en Russe et pas toujours facile à déchiffrer. Le clou du spectacle reste les énormes statues soviétiques racontant des scènes de barricades, des scènes quotidiennes dans les campagnes, des discours de Lénine. Ces statues sont immenses et vraiment impressionnantes, je n'en avais jamais vues, même en Russie. Le deuxième étage est dédié à l'histoire kirghize avec une grosse yourte en haut de l'escalier, des photos, de l'artisanat. Tout est mal mis en valeur et très défraichi mais c'est justement cela qu'on aime! 

13 octobre 2008

Arrivée à Bishkek

On me reproche déjà d’être paresseuse ces derniers temps et de ne rien écrire, ce qui est justifié mais c’est aussi parce que je travaille beaucoup ! Je m’y remets donc, d’autant plus que mon voyage au Kirghizistan voisin a été assez riche pour écrire au moins quelques articles. Ma chef du département Reporting à Dushanbe, Kasia, voulait depuis longtemps faire un petit voyage pour nous changer les idées et la fin du ramadan nous en donnait l’occasion puisqu’on avait un jour férié et donc un week-end prolongé. Le jour de l’Aïd, nous devions prendre notre avion pour Bishkek, la capitale du Kirghizistan, en début d’après midi, ce qui me laissait le temps d’aller me balader chez les voisins le matin. En effet, le jour de l’Aïd est une véritable fête ici, les enfants commencent à taper des pieds dans les portes dès 6h du matin pour recevoir des bonbons (un peu comme Halloween) et à partir de 9h, tout le monde peut se rendre visite. Il vous suffit d’entrer chez n’importe qui, de vous asseoir et l’on vous servira à manger. Les femmes s’activent donc en cuisine toute la nuit pour pouvoir nourrir tous les invités surprises. A 10h du matin, j’ai donc accompagné Galina chez nos voisins que j’entends beaucoup mais que je n’avais jamais vus. On nous a installées dans une grande salle rectangulaire occupé par une table de 4 mètres de long recouverte de victuailles et malheur, j’ai eu droit à une satanée soupe à une heure si matinale que je n’ai pas eu le cœur de refuser ! Cette visite a été riche en découverte pour moi sur la « vraie vie » tadjike ! La maison est très grande mais occupée par une vingtaine de personnes. La babouchka, mère de 10 enfants, dont 4 fils qui vivent avec elle, règne en maître absolue. Ses pauvres belles filles habitent avec elle, ne travaillent pas et doivent obéir à chacun de ses ordres. Une des belles filles, une jeune femme assez jolie est son souffre douleur car son mari est en prison en Russie et elle se retrouve emprisonnée dans une famille qui n’est pas la sienne et qu’elle ne peut pas quitter. Comme son mari ne peut pas la soutenir ou la protéger face à sa mère, elle trime du matin au soir. En une heure de discussion, elle n’a pas pu rester assise et manger plus de 3 minutes, devant toujours aller chercher quelque chose, débarrasser ou calmer un des nombreux enfants qui pleure dans la cours. La babouchka m’a aussi raconté sa vie, mère de 10 enfants et coiffeuse à plein temps sous l’union soviétique, les journées de 5h du matin à minuit, les allers retour pour préparer les repas, les nuits passées dans la cuisine pour que son mari ne la batte pas, une vraie vie de chien. Je suis ressortie de cette maison bien perplexe, quel bonheur dans cette vie, quelle motivation à se lever le matin, arrive-t-on a y trouver quelques satisfactions ? Une fois la visite terminée, je suis allée rassembler mes affaires et suis arrivée une heure en avance à l’aéroport où j’ai rejoint Kasia. Notre avion était pile à l’heure, un tout petit avion dans lequel nous étions maximum 30 avec un décor à la babouchka russe, des tapis marrons au sol comme au mur, assez cosy en fait ! On nous a servi à manger et à boire et avons survolé de près les cimes des montagnes qui culminent à 5000 mètres d’altitude dans la région. La vue était d’une rare beauté, un désert de montagnes enneigées alternant avec de beaux lacs bleus, ce vol vaut vraiment la peine. En arrivant à Bishkek, première surprise, alors que google météo annonçait 20°C, le pilote nous dit qu’il fait 5°C et qu’il pleut, je n’avais pas de manteau, ça commence mal ! On trouve un taxi facilement, je négocie le prix sans problème et je lui indique l’adresse du bureau ACTED que j’avais contacté et qui m’avait promis les clés d’un appartement gratuit pendant notre séjour, très sympa. Nous arrivons donc à l’adresse indiqué avec nos lourds sacs à dos et là, mauvaise surprise, le bureau est fermé et nous n’avons pas l’adresse de l’appartement bien sûr, ni aucun numéro de téléphone. On ne panique pas, on contourne le bâtiment pour trouver une autre entrée et on tombe sur un jeune homme à l’air étranger que l’on agresse littéralement pour lui demander s’il sait où se trouve ACTED. Bien entendu, il ne sait pas mais très aimable, nous invite dans son appartement. Chose complètement inattendue, nous nous retrouvons donc dans une cuisine fort confortable avec un Allemand et sa colocataire turkmène et on discute pendant 2h autour de bonnes tasses de thé et de petits gâteaux ! L’heure tourne et notre problème n’avance pas, finalement le téléphone polonais de Kasia se met à fonctionner et on appelle notre garde ACTED à Dushanbe qui nous donne le numéro de téléphone de l’appartement à Bishkek où doit se trouver Julien, un Français qui est souvent en déplacement et que je connais de Dushanbe. J’appelle donc et miracle, je tombe directement sur Julien qui m’explique comment trouver l’adresse et nous attend au coin de la rue ! Il est déjà 20h heure kirghize (nous ne savions pas non plus qu’il y a une heure de décalage, on est vraiment bien organisées !) Nous entrons dans un super appartement avec 3 grandes chambres, une salle de bain et des toilettes très confortables, bref le confort occidental et ça fait du bien ! On s’assoit deux minutes, on lui explique notre projet de rentrer par la route jusqu'au Nord du Tadjikistan dans 5 jours et il nous met en garde contre beaucoup d’embûches qu’on n’avait pas imaginé du tout. On décide de se balader malgré le froid et d’aller dans un restaurant italien qu’il connait. On découvre une ville, une capitale, entièrement plongée dans le noir. Pas un seul lampadaire ne fonctionne et on avance à tâtons avec la lumière de notre téléphone portable. Nous découvrons l’avenue principale, le Chuy Prospekt, et les ombres de ses blocs soviétiques. Je suis heureuse quand nous arrivons enfin au restaurant, un endroit chaud et agréable avec des pâtes délicieuses et, comble du luxe, une bouteille de vin rouge italien qui, même s’il râpe un peu, me semble être le meilleur du monde. Cette journée se termine bien

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11 septembre 2008

Les merveilles tadjikes, les vraies cette fois!

D'habitude, j'ai tenP1010491dance à dénigrer les endroits où l'on m'emmène mais j'ai l'impression d'être injuste car parfois, certains endroits méritent le détour et notamment pendant mon week-end de team building avec l'équipe de Kurgan Tube (voire l'album)

Nous nous sommes d'abord arrêtés dans un parc avec une mosquée dans la petite ville de Kulyab, malheureusement comme chacun sait, les femmes sont impures et j'ai donc été la seule à ne pas pouvoir rentrer! Jusqu'à quand va-t-on devoir payer pour l'erreur commise par Eve?!Après les quelques prières d'usage, nous avons repris la route pour nous arrêter quelques rue plus loin dans l'usine à bière locale afin de remplir une bonne vingtaine de bouteilles d'eau vides prévues à cet effet. La religion c'est donc importante quand ça les arrange, c'est ce que j'aime chez les tadjiks...

P1010512Après un voyage de quatre heures à bord d'une mini camionnette remplie à bloc de gens et de nourriture pendant lequel j'ai voyagé sur le siège de devant collée contre mon chef Javlon (vue la chaleur c'était le cas de le dire), nous sommes enfin arrivés à la datcha présidentielle de Muminabad et cette fois, je n'ai pas été déçue! La vue du balcon sur le lac était splendide et nous avons nagé dans une eau pure et tiède entourée de montagnes, c'était vraiment très agréable. Le week-end s'est déroulé dans la bonne humeur, entre cours de cuisine où j'ai P1010563découvert l'art du plov: cuire le riz entièrement dans l'huile sans rajouter ne serait ce qu'une goutte d'eau, le concours de karaoké pendant lequel j'ai dansé le tango version améliorée avec mon vieux collègue aux dents en or ou encore le petit déjeuner composé de brochettes huileuses et de vodka à 9h du matin.. Le temps a passé vite et il était déjà temps de se remettre en route, de nouveau 4h collée contre mon chef avec quelques pauses sur le chemin, l'usine à bière bien sûr, mais aussi une forteresse flambant neuve qui venait d'être rénovée. Un homme qui travaillait là s'est fait le plaisir de nous guider à travers les ruines à l'intérieur pour nous expliquer comment les populations y vivaient il y a de cela 1000 ans. Après une heure de visite, la nuit tombait déjà et nous avons fait le reste de la route sous un ciel bleu foncé rempli d'étoiles que venait chatouiller le sommet des montagnes se dessinant dans la pénombre. Le trajet était vraiment magique et c'est dans ces moments là que je me dis que je suis exactement là où je dois être!

11 septembre 2008

Le mois de septembre au Tadjikistan

Septembre est un mois que j'ai toujours aimé, mais au Tadjikistan il est particulièrement agréable. Du jour au lendemain la température a baissé de 20 degrés, les journées sont ensoleillées et agréables et les soirées fraîches. Je découvre enfin avec plaisir Dushanbe à pied, chose impossible sous 45°. Je me suis rendue au travail pour la première fois à pied mardi matin, jour férié puisque on fête l'indépendance tadjike (qui devrait être une journée de deuil national vu ce que l'indépendance a apporté, mais passons..) Kasia et moi étions les seules à travailler chez ACTED puisque nous avons une deadline importante demain pour un rapport. La journée a cependant été plutôt agréable puisque nous avons bu un cappucino près du travail et avons profité du calme au bureau. En arrivant près du travail, j'ai remarqué que tout le monde s'était réuni sur la place de l'opéra, une scène avait été montée pour quelques groupes de musique tadjiks. Le ramadan a commencé il y a dix jours, tous les restaurants du centre sont donc fermés malgré le fait que peu de gens de mon entourage ne jeûnent. La ville est encore plus calme, beaucoup de gens finissent de travailler plus tôt et rentrent chez eux partager le repas avec la famille.  Septembre est aussi le temps de la rentrée des classes et je dois dire que ça change tout ici. Des hordes d'ados discutent sur les trottoirs, hurlent dans les cours de récré, il y a enfin de la vie. Mais le plus marquant est la façon dont ils sont habillés. Tous les garçons, petits comme grand sont en costume noir, chemise blanche impeccable et cravate, quelle élégance dans le rues de la capitale! Toutes les filles sont en jupe noire et chemisier blanc mais la forme des vêtements est libre. J'ai donc été surprise de voir à quel point les adolescentes ont un uniforme hyper sexy en général, petite jupe serrée au dessus du genoux et chemisier blanc tendance. C'est étonnant puisque normalement les femme ici portent la robe "sac à patate tadjike" sans aucune forme mais les parents laissent leurs filles se dénuder à l'école, étrange.. Ou peut-être ont-elles le droit de s'amuser un peu au lycée avant d'être mariée à un inconnu?

La ville a beaucoup changé en un mois grâce au sommet de shanghai. La route qui mène à Varzob a été entièrement refaite et un parc près du nouveau palais présidentiel en plein centre ville vient d'être ouvert. J'avoue que j'ai été impressionnée, le parc est assez grand, avec beaucoup de lumières et de fontaines qui virevoltent au rythmne de la musique, le Las Vegas local version cheap. Le seul poblème est que bien sûr, tout cela n'est qu'apparance trompeuse, les tapis d'herbe déployés pour l'occasion sont déjà calcinés et le parc sera bientôt plongé dans le noir pour cause de rationnement délectricité. Bref, on en a profité pendant une semaine, c'est déjà bien! J'ai poussé plus loin la découverte de la ville et ai décidé d'aller au cinéma, il y a une salle à Dushanbe dans le centre ville. Un collègue de Kurgan m'y a emmenée. La séance est à 19h tous les soirs et ce n'est jamais le même film. A première vue la salle est moderne et agréable, jusqu'à ce que le film commence et que je m'aperçoive que c'est un DVD acheté sur le marché donc la qualité de l'image est très mauvaise mais au moins il est bien doublé. Je n'ai pas de chance, ce soir là on tombe sur un film d'horreur américain dans lequel un boucher massacre des gens dans le métro de New York et les donne en pâture à des ignobles monstres vivant au bout de la ligne. Le héro se fait mordre et finira par se transformer en monstre et dévorer sa copine, sympa.. Mais le plus intéressant c'est que le spectacle n'était absolument pas sur l'écran mais dans la salle. Les gens riaient, parlaient, hurlaient, répondaient au téléphone comme si de rien n'était. L'excitation était à son comble lors des scènes de massacre et de la scène de sexe pendant laquelle on a eu tous les bruitages en directe. Bref, assez incroyable mais vrai. Je vais y retourner!

Hier après midi nous n'avons pas travaillé au bureau. Le gouvernement avait annoncé des coupures d'électricité après le week-end d'indépendance, c'est chose faite le lendemain même! Nous avons épuisé nos batteries de portables et sommes rentrés chez nous à 15h! Les coupures varient d'un quartier à l'autre donc on trouve un refuge quelque part et on bouge au fur et à mesure! J'ai appelé à Kurgan, il y avait de l'electricité  la guesthouse, je suis rassurée. Ce week-end je vais aller faire des réserves de piles et de bougies, il est grand temps.

2 septembre 2008

Une bonne journée

Comme la plupart des Français, j'ai tendance à beaucoup me plaindre à l'étranger, ce qui ne veut pas dire pour autant que tout me déplait car comme on dit, qui aime bien châtie bien. Pour inverser la tendance aujourd'hui j'ai décidé de vous faire part de ce qu'est une bonne journée dans ma vie quotidienne au Tadjikistan.

Hier je me lève et bonne surprise, Galina nous a fait des crêpes pour le ptit déjeuner, la journée s'annonce prometteuse! Le chauffeur arrive pile à l'heure à la guestouse, fait très rare et qui mérite d'être souligné, nous arrivons donc à l'heure au travail. Sur le chemin, nous avons eu un aperçu de l'effervescence liée à la rentrée des classes. Les trottoirs étaient envahis d'enfants en uniformes avec de gros bouquets de fleurs pour leurs nouveaux enseignants. La ville renaissait, enfin un peu d'animation! En arrivant au travail, j'ouvre mes e-mails et j'en trouve quelques uns de la famille et d'amis proches, ce qui fait très plaisir, puis mes collègues de Kurgan Tube m'appellent pour me demander quand je rentre parce que je leur manque (la journée s'annonce vraiment très bonne!). Nous faisons une liste des choses urgentes à faire avec Kasia et je dois écrire un article, finir d'éditer une brochure sur l'Union européenne, enfin des tâches plutôt agréables! Vers 10h, alors que tout était calme, nous sommes soudainement secoués par des vibrations fortes qui font trembler tous les meubles et provoquent un bruit sourd, mon premier tremblement de terre! C'est une sensation très étrange mais les secousses ont été très brèves. J'ai donc appris à cette occasion qu'il faut se précipiter sous un encadrement de porte car c'est la dernière partie du bâtiment à s'écrouler (bon à savoir!). L'après midi, j'avais rendez-vous dans le centre d'enfants des rues avec la directrice rentrée de vacances. Je dois écrire un long rapport pour le ministère des affaires étrangères français qui le finance. J'ai donc passé 2 heures à discuter avec elle autour d'une tasse de thé, c'était très intéressant. La directrice est une femme de caractère, très dévouée aux enfants et aux réfugiées afghanes dont elle s'occupe. J'ai photographié toutes les infiltrations d'eau le long des murs, les canalisations ainsi que le sol éventré pour essayer d'appitoyer quelques donateurs. Il est vraiment urgent d'effectuer des rénovations pour que les enfants puissent apprendre dans des conditions décentes. Mon chauffeur préféré, Karim, est venu me chercher au centre et m'a acheté une glace sur le chemin du retour (comme je suis la seule à parler Russe, je suis la chouchoutte des chauffeurs et des gardes qui ne peuvent pas communiquer en Anglais).

Il était déjà 17h lorsque je suis rentrée, une glace à la main, ce qui ne fait pas très sérieux mais passons. Kasia m'a alors demandé de l'accompagner à son cours de danse du ventre. J'imagine déjà ceux qui me connaissent en train de rigoler.. Je n'ai pas pu hésiter longtemps et ai accepté à contrecoeur. Nous sommes allée dans une grande salle de danse dans un théâtre et nous avons eu le plaisir d'observer la fin du cours précédent menée par un jeune garçon d'environ 16 ans qui semblait n'avoir aucun os, il se tordait gracieusement comme un serpent, en voyant ça j'ai vraiment eu des sueurs froides, j'allai me ridiculiser à jamais!! Finalement nous voilà en piste devant un grand miroir, nous étions seulement 5 et les 3 autres femmes étaient des habituées. Nous essayions tant bien que mal de suivre les mouvements compliqués du jeune garçon, nous devions sauter, ramper, bouger les fesses, par 40 degrés c'était assez difficile. J'ai fini rouge écarlate et trempée de sueur mais super contente, je me suis bien amusée et j'ai même découvert que je n'étais pas si mauvaise. Pour un premier cours, le prof semblait satisfait (ou peut-être était il un bon commercial!) En tout cas ça fait du bien de se bouger un peu après le travail! Une heure de cours m'a coûté la modique somme de 7 somoni, soit 1,20€! Je suis rentrée à pied dans la brise du soir, j'étais tellement fatiguée que même les chauves souris ne m'effrayaient plus. Des centaines de chauves souris virevoltent entre les arbres à la nuit tombée, c'est très impressionnant en règle général. J'ai dîné seule avec une française du siège venue pour une semaine d'audit. Elle ma raconté beaucoup de choses sur les conditions de travail d'ACTED dans d'autres pays, c'était intéressant pour une suite éventuelle. La journée fut donc bien chargée, pourvu qu'il y en ait beaucoup d'autres comme celle là.

18 août 2008

Les merveilles tadjikes

P1010485Le week-end dernier a été bien rempli et placé sous le signe de la famille. Vendredi soir j'ai quitté le travail vers 19h et suis allée dîner chez un ami de Daniil que j'avais rencontré la veille, un policier investigateur! Alors que je ne connaissais personne, j'ai été très bien accueillie Je rentre dans le salon et vois une table bien remplie (enfin on mange à même le sol sur des tapis), on ne nous avait bien sûr par prévenu que la famille fêtait l'anniversaire d'une cousine. Je me suis donc retrouvée avec Daniil et une dizaine de personnes, le policier avec sa femme, les cousins cousines et les grands parents. Tout le monde était très honoré de ma présence et la soirée a vraiment été très agréable, la vodka aidant! Nous avons mangé les traditionnelles salades d'aubergines suivi du plov (plat à base de riz, huile, carotte et viande séchée), les fruits (raisin, abricots et poires si sucrés) et le gâteau industriel plein de crème. Le grand père et la grand mère m'ont raconté des histoires sur la façon dont ils s'étaient rencontrés en Russie, lui tadjik et elle russe, elle l'a suivi, ils avaient l'air de s'aimer énormément, ce qui est rare dans les couples ici. Cette soirée purement familiale et tadjike m'a donc ravie! Le lendemain, rebelote, anniversaire de la sœur de Daniil, la bonté incarnée.

Nous avons passé la journée à discuter, faire la cuisine, j'ai joué avec les enfants aux dames et autre. Vers 14h Lena m'a forcée à me déshabiller, à enfiler un peignoir et à aller faire la sieste ! On a donc tous dormi pendant 2 heures ! Vers 18h tout le reste de la famille est arrivé et nous sommes restés à table jusqu’à 21h30. Les soirées finissent toujours très tôt, nous avons ensuite décidé de rentrer à pied et fait une longue promenade à travers Kurgan Tube la nuit.

Dimanche matin, nous nous sommes levés tôt car mes collègues, Daniil, Gulbakhor et Abdumajid voulaient m’emmener visiter soit disant un superbe village avec 44 sources d’eau. Nous avons fait 2h30 de route et nous sommes arrêtés au bazar de la petite ville de Sharhrtuz. J’ai enfin vu ce que je voulais voir, un bazar d’Asie centrale bondé, les gens se poussent pour passer, on vend tout et n’importe quoi, les étalages regorgent de fruits, de différents pains qu’on amène dans des landaus pour enfant à l’ancienne (allez savoir pourquoi.), des cochonneries venues de Chine etc. C’était plein de couleur et d’odeur, ça valait le coup de venir. Après avoir acheté plusieurs kilos de fruits et de pain pour notre pique nique, nous sommes repartis vers le lieu magique, quelle ne fût pas ma déception.. Le paysage n’avait rien d’extraordinaire et quant aux 44 sources, ce sont des petits jets d’eaux qui se réunissent dans une même rivière pleine de poissons qu’il est interdit de pêcher. Les gens y viennent car c’est un lieu de culte, il y a la tombe d’une personne connue. Il faut en faire 3 fois le tour et donner 1 somoni, ensuite on peut s’asseoir près d’une sorte de griot qui raconte son histoire en tadjik et récite une prière. J’avoue que je ne me sentais pas très à l’aise, j’étais la seule éP1010489trangère de tout le site, tout le monde me regardait ! Une femme m’a attrapée par le bras et m’a trainée vers des tas de petite pierre, elle m’a expliqué qu’il fallait en prendre une poignée dans la main droite, les compter de la main gauche et si le nombre est pair, alors notre vœux se réalisera (on a droit à 3 essais au cas où). J’ai réussi du premier coup ! Je l’ai remerciée et nous sommes redescendus vers la rivière. Gulbakhor a alors décidé qu’on devait aller aux toilettes et c’est là que j’ai découvert que les femmes se baignent séparément derrière un mur. L’endroit était très désagréable et les toilettes encore plus car il n’y en avait pas ! C’est alors que je me suis rappelée que je portais un maillot une pièce, je vous laisse imaginer tous les problèmes qui ont suivi.. Bref, une fois cet exercice pénible accompli, nous nous sommes dirigés vers une sorte de petit restaurant et nous sommes installés sur un tapchan. Tout était sale et plein de mouches, j’ai donc picoré pour ne pas prendre trop de risques. Finalement, tout le monde s’est accordé à dire que ce n’était pas du tout un lieu magique et nous avons repris la route, tout ça pour ça ! Mais l’important n’est bien sûr pas l’endroit mais les gens qui nous entourent et j’ai passé un excellent dimanche avec mes 3 compagnons pleins d’humour et très ouverts.

9 août 2008

Sortie du dimanche à Hissar

P1010448Tous les week-ends, c'est la même histoire, il faut trouver une idée de sortie. Malheureusement le Tadjikistan est très pauvre en sites culturels et nous commençons à connaître les moindres recoins des montagnes et rivières de Varzob. Finalement il y a deux semaines, nous avons décidé d'aller faire un tour dans la ville d'Hissar, connue pour sa forteresse. Nous avons dû prendre deux marshrutka et ensuite un taxi pour y arriver, en tout une heure de transport. Nous arrivons devant la porte d'entrée de la forteresse dont on trouve immédiatement une photo lorsque l'on tape "Tadjikistan" sur google, on se prend en photo, tourisme oblige et une fois passé la porte,P1010432 plus rien!! Il n'y a aucune forteresse à voir, juste un champ entouré de collines, des enfants qui gardent le troupeau de vache et un viel homme! On s'émerveille de ce champ, on a vraiment bien fait de venir, tout le monde est content, encore un fois tourisme oblige. On ne va quand même pas s'avouer qu'il n'y a absolument rien à voir! On décide d'aller au petit musée de l'autre côté, une ancienne madrasa. Là encore ce musée est à l'image du Tadjikistan, quelques pots et morceaux de vases entassés dans des petites pièces. Rien n'est trié ou ne correspond à une époque particulière, ça fait presque mal au coeur! Une femme contente de nous voir m'explique quand même l'histoire du lieu. Les soviétiques ont chassé tous les habitants de la ville d'Hissar pour en faire un musée à ciel ouvert. A l'origine, tous les monuments du tadjikistan devaient être déplacés et exposés à Hissar pour que toute la ville soit le témoin de la grandeur du pays. Finalement ce projet a été abandonné et les écoles religieuses fermées. La ville s'est transformée en ville morte.

En sortant du musée, j'entends de la musique et j'espère vivement enfin assister à un mariage tadjik. Je pousse tout le petit groupe et nous nous retrouvons devant des marches menant à un petit restaurant où tout le monde danse. Un homme filme et nous demande de nous joindre au groupe. Tout le monde est embarrassé mais je me lance avec ma chef, Kasia, et nous voilà en train de danser n'importe comment devant la foule visiblement très contente! J'essaie de danser les bras en l'air comme les autres femmes mais j'ai probablement l'air ridicule vu l'hilarité générale! Quand je pense que ce pauvre couple aura toute la vie une vidéo de moi en train de danser  à leur mariage.. Au début je n'avais pas remarqué la mariée, ce n'est qu'une fois la danse accomplie que je la vois debout contre le mur, les mains croisées et les yeux rivés au sol avec un air si triste! Je me suis inquiétée pour elle mais on m'explique que c'est la tradition! Une fois la photo de groupe terminée, d'autres voitures arrivent, les mariés font la queue pour danser et se faire photographier à Hissar. En une demie heure j'assiste à 3 mariages. J'en ressors pensive. La mariée sort de la voiture, soutenue par des femmes, elle marche lentement en s'inclinant à répétition, on dirait qu'elle est malade. Elle monte les marches tout doucement, s'inclinant à chaque marche et finit debout contre le mur, le visage fermé et si triste. Elle s'incline pour remercier Allah et sa famille et elle a l'air triste car elle quitte sa famille. Toute la journée elle restera debout P1010454s'inclinant pour saluer chaque invité et elle n'a pas le droit de manger. Ensuite on la renvoie 2 jours dans sa famille pour la préparer psychologiquement à la nuit de noce (tous les mariages sont arrangés dans le petites villes). On l'emmène ensuite dans une petite maison à la campagne où elle passera enfin sa nuit de noce avec au pied du lit sa grand mère et celle de son mari qui les regardent coucher ensemble et témoignent de la perte de la virginité de la mariée en sortant avec le drap tâché de sang dès l'acte accompli. Mais dans quel monde vivons nous? Toutes ces règles venues de la tradition n'ont qu'un seul et même but, préparer la femme à sa future vie de couple qui ne sera faite que d'obéissance et d'acceptation. Le seule rôle de la femme ici est de mettre les enfants au monde et de servir leur mari. La plupart du temps il n'est pas là car il travaille, en Russie où dans une autre ville, elle doit donc vivre avec les parents de son mari et leur obéir, elle devient une servante. Quel plaisir dans cette vie? Cette découverte sur le destin de la femme tadjik m'a déprimée toute la journée!

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