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Messages du bout du monde
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9 août 2008

Sortie du dimanche à Hissar

P1010448Tous les week-ends, c'est la même histoire, il faut trouver une idée de sortie. Malheureusement le Tadjikistan est très pauvre en sites culturels et nous commençons à connaître les moindres recoins des montagnes et rivières de Varzob. Finalement il y a deux semaines, nous avons décidé d'aller faire un tour dans la ville d'Hissar, connue pour sa forteresse. Nous avons dû prendre deux marshrutka et ensuite un taxi pour y arriver, en tout une heure de transport. Nous arrivons devant la porte d'entrée de la forteresse dont on trouve immédiatement une photo lorsque l'on tape "Tadjikistan" sur google, on se prend en photo, tourisme oblige et une fois passé la porte,P1010432 plus rien!! Il n'y a aucune forteresse à voir, juste un champ entouré de collines, des enfants qui gardent le troupeau de vache et un viel homme! On s'émerveille de ce champ, on a vraiment bien fait de venir, tout le monde est content, encore un fois tourisme oblige. On ne va quand même pas s'avouer qu'il n'y a absolument rien à voir! On décide d'aller au petit musée de l'autre côté, une ancienne madrasa. Là encore ce musée est à l'image du Tadjikistan, quelques pots et morceaux de vases entassés dans des petites pièces. Rien n'est trié ou ne correspond à une époque particulière, ça fait presque mal au coeur! Une femme contente de nous voir m'explique quand même l'histoire du lieu. Les soviétiques ont chassé tous les habitants de la ville d'Hissar pour en faire un musée à ciel ouvert. A l'origine, tous les monuments du tadjikistan devaient être déplacés et exposés à Hissar pour que toute la ville soit le témoin de la grandeur du pays. Finalement ce projet a été abandonné et les écoles religieuses fermées. La ville s'est transformée en ville morte.

En sortant du musée, j'entends de la musique et j'espère vivement enfin assister à un mariage tadjik. Je pousse tout le petit groupe et nous nous retrouvons devant des marches menant à un petit restaurant où tout le monde danse. Un homme filme et nous demande de nous joindre au groupe. Tout le monde est embarrassé mais je me lance avec ma chef, Kasia, et nous voilà en train de danser n'importe comment devant la foule visiblement très contente! J'essaie de danser les bras en l'air comme les autres femmes mais j'ai probablement l'air ridicule vu l'hilarité générale! Quand je pense que ce pauvre couple aura toute la vie une vidéo de moi en train de danser  à leur mariage.. Au début je n'avais pas remarqué la mariée, ce n'est qu'une fois la danse accomplie que je la vois debout contre le mur, les mains croisées et les yeux rivés au sol avec un air si triste! Je me suis inquiétée pour elle mais on m'explique que c'est la tradition! Une fois la photo de groupe terminée, d'autres voitures arrivent, les mariés font la queue pour danser et se faire photographier à Hissar. En une demie heure j'assiste à 3 mariages. J'en ressors pensive. La mariée sort de la voiture, soutenue par des femmes, elle marche lentement en s'inclinant à répétition, on dirait qu'elle est malade. Elle monte les marches tout doucement, s'inclinant à chaque marche et finit debout contre le mur, le visage fermé et si triste. Elle s'incline pour remercier Allah et sa famille et elle a l'air triste car elle quitte sa famille. Toute la journée elle restera debout P1010454s'inclinant pour saluer chaque invité et elle n'a pas le droit de manger. Ensuite on la renvoie 2 jours dans sa famille pour la préparer psychologiquement à la nuit de noce (tous les mariages sont arrangés dans le petites villes). On l'emmène ensuite dans une petite maison à la campagne où elle passera enfin sa nuit de noce avec au pied du lit sa grand mère et celle de son mari qui les regardent coucher ensemble et témoignent de la perte de la virginité de la mariée en sortant avec le drap tâché de sang dès l'acte accompli. Mais dans quel monde vivons nous? Toutes ces règles venues de la tradition n'ont qu'un seul et même but, préparer la femme à sa future vie de couple qui ne sera faite que d'obéissance et d'acceptation. Le seule rôle de la femme ici est de mettre les enfants au monde et de servir leur mari. La plupart du temps il n'est pas là car il travaille, en Russie où dans une autre ville, elle doit donc vivre avec les parents de son mari et leur obéir, elle devient une servante. Quel plaisir dans cette vie? Cette découverte sur le destin de la femme tadjik m'a déprimée toute la journée!

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Commentaires
F
Prenons une jeune fille tadjik qui a toujours vécu dans son village tadjik, et n'a d'experience de la condition féminine que celle des femmes tadjiks qui l'entourent.<br /> <br /> Est-ce qu'elle ressentira le malheur que s'imagine la jeune femme française qui compare la condition féminine tadjik à la condition féminine française ?<br /> <br /> Je ne prends pas parti, je me pose juste des questions...
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